Le débat sur la valeur locative est au point mort
L'abolition de la valeur locative reste un sujet récurrent non résolu. Le Conseil national et le Conseil des États ne sont pas d'accord sur des points essentiels. Alors que le Conseil des Etats insiste sur un compromis pour les résidences principales, le Conseil national souhaite un changement complet de système. Une solution ne semble pas pouvoir réunir une majorité à l'heure actuelle.
L’abolition de la valeur locative, un impôt unique en Europe, risque à nouveau d’échouer. Certes, les deux chambres s’accordent largement sur la nécessité de réformer le système. Mais la mise en œuvre reste très controversée. Les questions relatives à l’impôt sur la propriété des résidences secondaires et à la déduction des intérêts passifs sont particulièrement conflictuelles.
Lors de sa troisième délibération jeudi, le Conseil des Etats a maintenu l’abolition de la valeur locative uniquement pour les résidences principales. Il a également maintenu sa position sur la déduction des intérêts passifs. A l’avenir, les déductions devraient rester autorisées jusqu’à 70% des revenus de la fortune imposables. Le Conseil national, quant à lui, demande un changement complet de système et veut également exonérer les résidences secondaires.
Les cantons touristiques, un frein
Le rejet majoritaire au Conseil des Etats est principalement motivé par les inquiétudes des cantons touristiques. Ils craignent un manque à gagner considérable suite à l’abolition de la valeur locative des résidences secondaires. La proposition d’un impôt sur l’objet pour compenser se heurte à leur résistance. « Il faut se concentrer sur les résidences principales », a souligné Martin Schmid (PRD/GR). L’introduction d’un impôt sur l’objet représente des « obstacles extrêmement élevés », car elle nécessite une modification de la Constitution à la double majorité.
Chute réaliste du projet
La chute du projet semble de plus en plus probable. Même l’abolition de la valeur locative pour les résidences principales est menacée par des vents contraires. L’association des locataires a déjà annoncé un référendum. Son président, Carlo Sommaruga (PS/GE), a critiqué le projet en le qualifiant de « cadeau fiscal pour les riches propriétaires » qui ne résout pas les inégalités entre locataires et propriétaires.
Le doute s’installe également au sein des partis bourgeois. Pascal Broulis (PLR/VD) a mis en garde contre le fait que le projet complique inutilement le système fiscal. Le Conseil national doit d’abord se prononcer à nouveau sur le projet, avant qu’une éventuelle conférence de conciliation puisse suivre. Mais aucune solution susceptible de réunir une majorité n’est en vue pour l’instant.