Raiffeisen a de mauvaises nouvelles
De nouvelles hausses de prix importantes menacent le marché locatif restreint. La forte demande, la diminution des nouvelles constructions et surtout les nouvelles hausses attendues du taux d'intérêt de référence sont les moteurs de cette évolution.
La hausse des loyers en Suisse devrait continuer à s’accélérer. Les augmentations consécutives au relèvement du taux de référence de début juin prendront effet début octobre. Mais ce n’est que le début, comme le souligne une étude de Raiffeisen publiée jeudi.
En ce qui concerne les loyers, « le feu est sur le toit », écrivent les experts immobiliers. Les prochaines augmentations du taux d’intérêt de référence sont déjà en vue, ajoutent-ils. « En décembre, le taux d’intérêt de référence devrait passer à 1,75% », prévoient-ils. La majorité des locataires suisses risquent donc de subir une nouvelle hausse de loyer au 1er avril 2024, une nouvelle augmentation n’étant alors possible que fin 2024 ou début 2025 selon le scénario de taux d’intérêt.
Deux tiers concernés lors de la deuxièmesérie
Alors qu’on estime qu’un peu moins de la moitié des locataires sont potentiellement concernés par la série actuelle d’augmentations, il devrait y avoir des potentiels d’augmentation pour environ deux tiers de tous les baux après la deuxième hausse du taux de référence, ajoute le rapport.
Et ces augmentations seront clairement supérieures aux 3 % prévus. Les bailleurs répercutent également une partie du renchérissement accumulé sur les locataires et font valoir les augmentations générales des coûts. Selon eux, en l’absence d’expérience dans une telle situation, un pronostic précis comporte de grandes incertitudes. Mais les experts s’attendent à ce que le renchérissement des loyers à l’échelle nationale atteigne temporairement 8% dans le courant de l’année prochaine avec la deuxième augmentation du taux d’intérêt de référence.
Mais les augmentations ne sont pas les seules à faire grimper les loyers. Si les bailleurs parviennent à les imposer, c’est aussi et surtout parce que la demande reste forte et l’offre limitée. « La demande de logements locatifs continue d’augmenter rapidement en raison de la croissance dynamique de l’immigration », indique l’étude.
Record du solde migratoire
Les experts estiment qu’il est même possible que le solde migratoire net de cette année batte le précédent record de 2008. « En mai 2023, le solde migratoire de la population étrangère résidant en Suisse était supérieur d’un quart à celui de la même période de l’année précédente ». Et ce chiffre ne tient pas compte des réfugiés ukrainiens dans le pays, souvent soutenus par les municipalités, qui chercheraient un logement sur le marché libre.
A cela s’ajoutent d’autres effets, comme un nombre élevé de nouveaux ménages ou l’influence de la tendance au travail à domicile. Les exigences en matière de logement augmentent donc.
Pas d’amélioration de l’offre en vue
Le marché du logement locatif s’assèche de plus en plus. Les taux de vacance sont bas, en particulier dans les centres urbains, et les loyers proposés augmentent.
Il n’y a guère de signes d’une atténuation de la pénurie de logements du côté de l’offre. Certes, le nombre de demandes de permis de construire déposées pour des logements s’est stabilisé au cours des derniers trimestres, mais l’offensive de construction dont on a tant besoin se fait toujours attendre. « Le mince pipeline de projets est loin d’être suffisant pour répondre à la forte demande supplémentaire actuelle de logements.
Promotion de la construction de logements ou aides individuelles
Dans ce contexte, les experts de Raiffeisen jettent également un regard critique sur les demandes de promotion accrue de la construction de logements d’utilité publique. Cela coûte également beaucoup d’argent et les logements municipaux ou coopératifs ne sont pas toujours occupés par des locataires dans le besoin. Selon les auteurs de l’étude, près de la moitié des habitants des logements coopératifs disposent en effet d’un revenu si élevé qu’ils n’ont pas du tout besoin de cette aide.
La forte réduction du prix de ces logements conduit à certaines incitations erronées. Les ménages qui bénéficient de ces loyers avantageux ont peu d’intérêt à quitter ce logement par la suite, même si leurs conditions de vie changent. On peut se demander si une aide spécifique au sujet – c’est-à-dire une aide directe aux ménages dans le besoin – ne donnerait pas finalement des résultats plus souhaitables, écrit Raiffeisen.