Contrôle des émissions de HFC-23

août 2024

Des chercheurs de l'Empa, de l'Université de Bristol et du TNO ont étudié les émissions de HFC-23, un gaz extrêmement nocif pour le climat, provenant de la production de téflon et de réfrigérants. Malgré des évolutions positives, leurs résultats montrent que les mesures de réduction globales ne sont pas encore appliquées à grande échelle.

Les hydrofluorocarbures (HFC) font partie des gaz à effet de serre les plus puissants, et le HFC-23 est le plus puissant d’entre eux. Un kilogramme de HFC-23 provoque dans l’atmosphère le même réchauffement que 12.000 kilogrammes de CO₂ et reste dans l’atmosphère pendant environ 200 ans. Dans le cadre de l’amendement de Kigali au Protocole de Montréal, plus de 150 pays se sont engagés à réduire drastiquement les émissions de HFC-23. Les principales sources de ce gaz sont la production industrielle de réfrigérants et de polytétrafluoroéthène (PTFE), plus connu sous le nom de téflon.

Depuis 2020, les fabricants de téflon sont tenus de détruire le HFC-23 avant qu’il ne soit rejeté dans l’atmosphère. Les émissions déclarées montrent des progrès. en 2020, les données officielles indiquent que seulement 2.000 tonnes de HFC-23 ont été émises dans le monde. Cependant, les mesures réelles indiquent environ 16.000 tonnes, ce qui révèle un écart considérable.

Nouvelles connaissances grâce aux mesures de gaz traceur
Pour expliquer cette différence, des chercheurs de l’Empa, de l’Université de Bristol et du TNO ont étudié les émissions de HFC-23 d’une usine de téflon aux Pays-Bas. Leurs résultats, publiés dans la revue scientifique Nature, reposent sur une méthode innovante. Les chercheurs ont libéré un gaz traceur qui n’est pas présent dans l’atmosphère et qui se dégrade rapidement. Ils ont enregistré les concentrations de HFC-23 à 25 kilomètres de distance et les ont comparées aux valeurs du traceur. De cette manière, ils ont pu calculer avec précision les émissions réelles de l’usine.

Les résultats montrent que les émissions de l’usine sont plus élevées que les chiffres déclarés, mais qu’elles restent faibles. « Les mesures de confinement fonctionnent bien, mais il y a un potentiel d’optimisation », explique Martin Vollmer de l’Empa. Le co-auteur Kieran Stanley de l’Université de Bristol résume : « Les résultats sont encourageants et montrent que les émissions de HFC-23 peuvent être considérablement réduites avec les bonnes mesures »

Défis mondiaux pour la réduction du HFC-23
L’étude met en évidence le fait que le contrôle du HFC-23 est techniquement possible, mais qu’il n’est pas appliqué de manière cohérente partout. « Les émissions élevées mesurées dans l’atmosphère indiquent que les mesures rapportées ne correspondent pas toujours à la réalité », avertit Vollmer. Les chercheurs appellent à des vérifications indépendantes des émissions provenant de la production de polymères fluorés et de réfrigérants afin de combler les lacunes dans la compréhension des sources d’émissions et de s’assurer que les accords internationaux sur le climat sont respectés.

Prochaines étapes de la recherche
En octobre 2024, une autre étude sera menée à Séoul pour mesurer les émissions de substances halogénées dans la capitale sud-coréenne. Cette méthode pourrait également être utile pour la surveillance d’autres gaz à effet de serre. « Une surveillance continue et des mesures précises nous permettront de mieux identifier les sources d’émission et de concevoir des mesures de réduction des émissions plus efficaces », explique Arnoud Frumau de TNO.

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