"Le canton investit 360 millions dans les travaux publics"
Giovanni Realini, chef de la section logistique du département cantonal des finances et de l'économie, explique comment le canton soutiendra l'économie tessinoise par des investissements substantiels dans ses actifs immobiliers au cours des quatre prochaines années. Un aperçu des principaux travaux du programme.
Que fait exactement la section logistique du DFE?
La section Logistique s’occupe principalement de la gestion du patrimoine immobilier du canton du Tessin. On parle d’actifs d’environ 2 milliards de francs. Nous gérons tous les aspects concernant le cycle de vie du portefeuille immobilier, nous l’optimisons et le développons. En pratique, nos travaux vont de la planification logistique, à l’étude de faisabilité, à la gestion de projet, à sa réalisation, jusqu’à la maintenance du bien bâti. La Section de la logistique s’occupe également de tous les achats pour l’administration publique, par exemple – juste pour se tenir au courant – des désinfectants aux masques, jusqu’aux fournitures scolaires.
Concentrons-nous sur le secteur immobilier: pouvez-vous nous donner quelques chiffres?
En ce qui concerne le patrimoine immobilier du canton, un total d’environ 360 millions de francs devrait être investi dans les bâtiments au cours des quatre prochaines années, y compris les nouvelles constructions et les rénovations de propriétés existantes. En 2019, un crédit de conception-cadre de 60 millions de francs a été voté par le parlement cantonal, ce qui permettra de lancer l’aménagement de différents bâtiments administratifs et scolaires par voie de concours. Au cours de cette année, le Conseil d’État a également accordé à l’attention du Parlement un prêt-cadre supplémentaire de 100 millions de francs pour l’entretien prévu des bâtiments publics pour les 6 prochaines années.
En résumé, on peut dire que, dans les prochaines années, le Canton injectera beaucoup d’argent dans l’économie tessinoise sous forme de travaux publics. Certainement une bouffée d’air frais en ces temps de crise des coronavirus …
C’est un message très important pour l’économie cantonale. Ce que nous vivons, c’est un moment où le secteur résidentiel a tendance à décroître et c’est l’organisme public qui, avec divers projets et investissements, peut compenser partiellement la perte prévue. La crise était déjà prévue, mais avec la pandémie de Covid-19 elle s’est aggravée. Ces investissements publics contracycliques devraient permettre de récupérer une partie de la baisse des investissements privés dans le secteur résidentiel attendue dans les années à venir. Les investissements couvriront à la fois la construction de nouveaux bâtiments et l’entretien programmé de nos bâtiments, ainsi que des rénovations complètes et des rénovations partielles. Ce sont des investissements qui donneront du travail aux entreprises et aux professionnels présents sur notre territoire.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ces nouveaux projets?
Parmi les travaux majeurs, nous avons actuellement des concours ouverts pour le centre technique professionnel du secteur textile à Chiasso, le stand de tir Ceneri, le secteur scolaire de Mendrisio, le secteur de la justice de Lugano, ainsi qu’un mandat d’étude en parallèle pour le nouveau musée. d’histoire naturelle de Locarno. A cela s’ajoute le concours pour la rénovation du Locarno Pretorio et un triple gymnase à Bellinzone (à paraître d’ici la fin de l’année).
Parallèlement aux compétitions, le nouveau centre d’urgence de Mendrisio, le centre scolaire ICEC de Bellinzone et l’extension des collèges de Viganello sont en cours d’achèvement.
De retour au nouveau centre technique professionnel du secteur textile à Chiasso, pouvez-vous illustrer un peu plus en détail l’histoire de ce projet tant attendu?
Tout cela vient du fait que le siège actuel de Viganello de l’École supérieure spécialisée de l’habillement et du design de mode (STA) a atteint la fin de son cycle de vie et devra être démoli.
D’autres emplacements ont été analysés au moyen d’études de faisabilité. Suite à ces analyses, la décision est tombée sur Chiasso en raison de sa proximité avec ce que l’on peut définir comme la «Vallée de la mode» du Mendrisiotto, où sont implantées de nombreuses entreprises de confection. De plus, la proximité de la voie ferrée favorise la mobilité étudiante dans les transports en commun. Une réalité, celle de la construction à proximité des nœuds de transports publics, qui se développe dans toute la Suisse. En outre, la zone de Chiasso où sera construit le Centre Technique Professionnel du secteur textile pourrait avoir une extension avec d’autres contenus pédagogiques et pourrait se développer en un véritable centre de formation.
Et qu’en est-il du nouveau champ de tir de Monte Ceneri dont on parle depuis plus d’une décennie maintenant?
Le nouveau centre multifonctionnel de formation et de tir de Monte Ceneri est un projet important, particulier et unique, avec un investissement attendu d’environ 55 millions de francs. Un projet très important, donc, qui découle de la volonté de créer une structure cantonale centralisée, où la police peut effectuer sa formation et où les coups obligatoires du service militaire peuvent être tenus, éliminant ainsi les stands de tir ouverts d’aujourd’hui, qui posent des problèmes environnement et bruit. Le stand de tir, en effet, sera entièrement couvert et situé dans une zone où se concentre déjà certaines activités militaires et policières. Le concours annoncé fournit des spécifications détaillées pour chaque aspect, de l’ingénierie au paysage et à l’acoustique. Il s’agit d’un projet unique et assez innovant, car il n’y a que quelques petits champs de tir souterrains en Suisse.
Outre ceux mentionnés, y a-t-il d’autres projets majeurs en vue?
L’une d’elles est certainement la réorganisation des bureaux de justice de Lugano, qui implique la restructuration du palais de justice actuel et l’extension des surfaces du siège actuel de la banque EFG, le soi-disant « Palazzo Botta ». Pour ce projet, le Canton prévoit un investissement important, destiné à l’achat de l’immeuble EFG Bank et à sa transformation, ainsi qu’à la rénovation du palais de justice actuel qui durera quelques années. C’est un projet très important tant pour le Canton, qui pourra profiter d’un bâtiment représentatif et de qualité, avec une surface importante au centre de Lugano et à proximité du siège actuel, concentrant ainsi ses activités, que pour la Ville.
Quel type de rénovation est prévu pour ce bâtiment représentatif?
C’est un bâtiment très flexible en bon état de conservation, ce qui permettra un réaménagement des espaces sans interventions majeures. L’extérieur ne sera probablement pas touché, tandis que les espaces intérieurs seront partiellement réaménagés. L’intervention majeure aura lieu au rez-de-chaussée, où certaines salles d’audience seront créées.
Des investissements sont-ils également prévus à Bellinzone?
Le mandat d’étude parallèle concernant la zone des ateliers CFF, promu conjointement par le canton, la commune de Bellinzone et les chemins de fer fédéraux suisses, est maintenant terminé. Il s’agit de définir le développement de ce secteur, où le Canton disposera d’espaces administratifs et scolaires et d’un pôle d’innovation. Les résultats du mandat d’étude parallèle ont été présentés au cours des dernières semaines. C’est un quartier moderne, conçu en accordant une grande attention aux enjeux de durabilité, d’intergénération et de mobilité lente, dans le but d’offrir des espaces de logement et de travail. L’intention est également de construire le siège du réseau tessinois du Switzerland Innovation Park. Il s’agit d’un projet ambitieux dont le travail de planification, qui débutera sous peu, impliquera une réalisation qui durera plusieurs années.
En conclusion, quelles sont les perspectives du patrimoine immobilier du canton?
Je pense qu’en tant qu’acteurs publics nous devrons garantir le développement durable, c’est-à-dire l’équilibre entre les critères architecturaux, environnementaux, sociaux et financiers, garantissant ainsi la qualité totale de nos bâtiments. Nous devrons également réfléchir à la transformation du travail et à l’utilisation des terres, en particulier des zones administratives. Selon deux études que nous avons menées en collaboration avec SUPSI, concernant l’utilisation des espaces en milieu scolaire-formation et administratif, si d’une part une augmentation du smart working from home est attendue, parallèlement il y aura une augmentation des surfaces disponibles du personnel qui restera pour travailler au bureau avec des méthodes de travail plus agiles et, par conséquent, des espaces de travail et d’agrégation différents qui seront partagés. Même après la pandémie de coronavirus, il y aura certainement un changement en ce qui concerne la distance entre un collaborateur et un autre. La superficie de plancher actuelle minimale par employé sera probablement révisée à la hausse. Probablement les open-spaces, tellement en vogue ces dernières années, se transformeront en différents lieux de travail, avec des espaces de rencontre et d’échange, suivant une perspective d’organisation horizontale du travail et non plus seulement pyramidale. Dans la pratique, il y aura moins de postes de travail sur le site, mais avec plus d’espace disponible pour chaque employé, cela entraînera probablement une réduction des besoins de bureau. Les surfaces liées à la formation seront transformées en fonction des nouvelles solutions didactiques, ce qui conduira à des espaces plus flexibles qui conduiront à repenser les salles de classe traditionnelles. ■
Qui est Giovanni Realini
Giovanni Realini (56 ans), de formation d’architecte, est depuis 2019 chef de la section logistique du département des finances et de l’économie du canton du Tessin. Après une première expérience dans certains cabinets d’architecture, il a acquis une vaste expertise managériale au sein de grandes entreprises suisses, telles que Migros Ticino, RTSI et les Chemins de fer fédéraux suisses. En tant que chef de la section logistique, Giovanni Realini a pour mission de coordonner les différents domaines, de la planification à la construction et à la rénovation des bâtiments en passant par la gestion et l’entretien du patrimoine immobilier du canton.